La lettre

Elle est partie, la lettre, je l'ai mise dans la boîte jaune. En recommandé bien sûr...

J'aurais aimé pouvoir leur dire combien leur gestion des personnels était mauvaise, si peu humaine. Que notre seul numéro ne suffit pas à nous caractériser. A quoi bon ? Ma lettre ne les a pas perturbés outre mesure, eux. Une petite "décoche" sur un ordinateur et hop : radiée des cadres !

Mais je ne suis pas la seule dans ce cas-là, nous sommes des milliers à supporter cela. Moi, j'ai tranché le fil à la patte, j'ai eu cette chance. Ou cette malchance ?

Aujourd'hui je ne suis sûre de rien, si ce n'est que je ne retournerai pas là-bas. Et cela me fait du bien, que rien ne m'oblige plus jamais à retourner "là-haut".

Quitter le plus beau métier du monde ? Cela ne se fait pas, ce n'est pas possible, c'est un sacerdoce... Pensez-vous : on peut aimer cela et devoir serrer les dents quand même pour y aller. C'est pourquoi il y en a de plus en plus, des gens qui avaient la foi et qui stoppent tout !

Une personne que j'apprécie m'a dit : "La vie est trop courte pour ne faire qu'un seul métier". J'ai entendu et j'ai trouvé la phrase juste et encourageante. Il faut juste se faire violence et ça, sortant d'un métier aussi "protégé", ça va être le plus dur. Mais la vie est trop courte, c'est sûr. Il faut avancer et profiter. Le si cultivé Jean d'Ormesson qui nous a quittés brutalement cette nuit nous le rappelle...

Une autre personne que j'apprécie encore plus m'a dit également : "Monte dans le train" ! Elle a raison, je vais y monter. Peut-être pas dans un TGV, mais dans un joli train pittoresque, ça c'est sûr !